Première mention dans historique et origine du nom
Le lieu est cité pour la première fois en 950 sous la forme valle Teresago, puis villa Tarasago en 958. La graphie médiévale la plus courante est Teresach. Sens probable du toponyme, formé avec le suffixe -acum sur un nom de personne : le domaine de Therasus, nom d’homme latin.
Le remplacement du s intervocalique par un r n’apparaît qu’au XVIe siècle et se généralise au XVIIe (Tararach). De la même façon, Glosianes est devenu Glorianes, à quoi il faut ajouter ici un phénomène phonétique appelé « assimilation » (le premier r entraîne l’apparition du second).
Les recensements
2018, 45 habitants
2013, 55 habitants
2008, 59 habitants
1999, 38 habitants
1990, 48 habitants
1982, 52 habitants
1962, 74 habitants
1901, 108 habitants
1846, 172 habitants
1836, 151 habitants
Maximum : 172 habitants (1846). Minimum : 38 habitants (1999). Ne sont pas pris en compte les recensements antérieurs à 1831.
Bref aperçu historique
L’existence du grand dolmen de la Barraca, près du mas Llussanes, ainsi que d’un autre dolmen plus petit et ruiné non loin de là, montre une occupation des lieux dès le Néolithique. Le roc del Moro conserve pour sa part les vestiges d’un petit oppidum protohistorique.
L’histoire proprement date du village est assez pauvre en documents. Dès le milieu du Xe siècle, la seigneurie était détenue par l’abbaye de Saint-Michel de Cuixà, qui la conservera jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. En 1365, on ne comptait au village que 7 feux, soit une trentaine d’habitants environ. Il faut dire que le lieu, mal protégé sans doute, se trouvait dans une zone particulièrement dangereuse, à la frontière entre la Catalogne et la France depuis le traité de Corbeil de 1258. Il a sans doute été pillé à diverses reprises, et on sait qu’à la fin du XIVe siècle une bande de pillards issus des mercenaires de du Guesclin s’était installée à Ropidera, autrement dit à quelques encablures de Tarerach.
Cette insécurité, liée au grandes peses, fait qu’au milieu du XVIe siècle on ne recense apparemment plus qu’une seule famille à Tarerach ! Les choses s’arrangent par la suite, et en 1740 on compte 15 feux sur le territoire communal, et 126 habitants en 1799-1800. Même après le rattachement du Roussillon à la France (1659), le village continue jusqu’à la Révolution de jouer un rôle frontalier entre les provinces du Roussillon et du Languedoc. Ceci explique sans doute que la contrebande était pour la population une ressource très appréciable (voir plus bas). Les terres labourables étaient peu nombreuses : l’enquête économique de 1775 fait état d’une centaine d’hectares, les terres étant pratiquement toutes à l’aspre. La vigne est déjà présente avec près d’une quarantaine d’hectares, dont beaucoup de parcelles détenues par des gens de Vinça.
La population croît dans la première moitié du XIXe siècle, le maximum étant atteint en 1846, avec 172 habitants. Elle se stabilise ensuite au-dessus de 100 habitants, le déclin ne commençant vraiment qu’après la Première Guerre mondiale (96 habitants en 1921). Ce déclin s’est accentué ces dernières décennies, en même temps que diminuait le nombre des exploitations agricoles.
L’église paroissiale
Elle est dédiée à saint André. C’est une église romane à une nef et à abside semi-circulaire, qui paraît dater du XIe siècle, avec un grand clocher-mur sans doute plus tardif. Le retable du maître-autel date du milieu du XVIIIe siècle . La statue de saint André y est entourée de celles des saints Étienne et Vincent. À noter aussi un calice de la fin du Moyen-Âge. La façade sud de l’édifice possède une jolie fenêtre décorée (inscrite à l’Inventaire des Monuments historiques).
Un village de contrebandiers
Divers documents du XVIIIe siècle semblent montrer que les gens de Tarerach s’étaient spécialisés dans la contrebande, en particulier dans le faux-saunage (transport et vente de sel d’Espagne, beaucoup moins cher que le sel soumis à la gabelle). Ainsi, en 1725, Jean Courent, habitant du village âgé de 45 ans, est surpris à Ille en train de débiter le contenu d’un sac de sel espagnol. Il sera condamné à une peine légère (trois heures de carcan et un amende de 50 livres). Mais son cas n’est pas isolé, loin de là, et on s’aperçoit quelques années plus tard que c’est une véritable bande organisée de trafiquants qui s’est constituée à Tarerach.
En 1739, aux environs d’Estagel, les gardes de la gabelle interceptent en pleine nuit un convoi de sept bêtes chargées de sel d’Espagne, dont les conducteurs ont le temps de prendre la fuite après avoir tué un brigadier. Les soupçons se portent immédiatement sur les gens de Tarerach, réputés pour être des faux-sauniers. Une enquête menée à Rodès, puis à Campoussy, confirme la chose : plusieurs témoins reconnaissent les mules et donnent même les noms de leurs propriétaires. Un mandat d’arrêt est lancé contre Jean Gazé père, Jean-Antoine Gazé, François Fabre, Jacques Fabre, Jean, Dominique et Gaudérique Casanove, Jacques Tricu, Jacques Comes dit Manuguet, Jean-Michel Folquier et Louis Trinquié, soit en tout onze hommes de Tarerach, alors que le village compte quinze familles à la même époque.
Certains ont réussi à prendre la fuite, d’autres sont arrêtés et interrogés. Tous s’estiment innocents, et leurs témoignages font parfois sourire. Louis Trinquié reconnaît qu’il a autrefois exercé le métier de faux-saunier, mais qu’il a payé la peine qu’il avait méritée et depuis n’a plus jamais touché au faux-sel. Même chose pour Gaudérique Casanove, qui déclare « avoir quitté le métier depuis 25 ans ».
La sentence rendue en 1740 est assez clémente : presque tous les accusés sont relaxés, trois d’entre eux sont condamnés à 300 livres d’amende. Seul Jean-Antoine Gazé, reconnu coupable d’avoir assassiné le gabelou, est condamné à mort par contumace. Arrêté en 1744, il parviendra à s’échapper de sa prison. Il faut dire que les prisons étaient à cette époque de véritables passoires. Ainsi, en 1749, Antoine Duchamp, autre habitant de Tarerach, condamné aux galères à perpétuité pour faux-saunage, s’évade lui aussi de sa prison !
Source : Archives départementales des P.-O., 2B 1852, 1920 et 1930.
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